Du 2 au 4 octobre, l’Université de Goma a accueilli une série d’activités multidisciplinaires sous le thème “Les Enjeux de la Migration et de la Mobilité en RDC”, organisées par Initiative Construire Ensemble avec le soutien de l’Ambassade de France. Ces journées de réflexion ont réuni plus de deux cents jeunes, principalement des étudiants, autour de plusieurs panélistes.
Le coup d’envoi a été donné par le délégué pays du collectif, qui a souligné l’importance de ces échanges, les qualifiant de « nécessaires et enrichissants ». Le ton était donné : cette conférence s’annonçait comme un moment fort de réflexion sur les dynamiques migratoires qui façonnent l’avenir de la RDC et de l’Afrique.
Me Félicité Mugombozi, première intervenante, a ouvert le bal avec une présentation captivante sur le thème de « la mobilité des travailleurs qualifiés : fuite des cerveaux ou échanges de compétences ? ». À travers des exemples personnels et des anecdotes, elle a exploré les impacts économiques, démographiques et sociaux de la migration des élites africaines. Son plaidoyer ? Quitter la perspective pessimiste de la « fuite des cerveaux » pour adopter celle de la « circulation des cerveaux », où la diaspora devient une ressource à valoriser grâce à des politiques de coopération gagnant-gagnant.
La question de la migration étudiante a ensuite été abordée par Me Jonas Sindani, doctorant à l’Université de Louvain. Il a dressé un panorama de l’histoire de la mobilité des étudiants africains vers les universités occidentales, expliquant que ce phénomène est souvent plus une nécessité qu’un véritable choix. Entre les défis financiers, le manque d’encadrement et la baisse de la qualité de l’enseignement local, l’exode académique s’impose, selon lui, comme une solution incontournable pour nombre de jeunes Africains.
Jacinthe Maarifa a clôturé cette série d’exposés en se concentrant sur les politiques migratoires et la sécurité des frontières. Défendant une vision large de la migration, il a rappelé que les Occidentaux résidant en Afrique doivent également être considérés comme des migrants. Selon lui, la perception des migrations intra-africaines est trop souvent biaisée, occultant la complexité des mouvements migratoires entre les deux continents.
La conférence s’est achevée par une session d’échanges interactifs, où les participants, enthousiasmés par la pertinence des interventions, ont multiplié les questions et contributions. L’événement s’est clôturé sur une note artistique avec une performance vibrante de deux slameurs du collectif Goma Slam Session, transportant l’auditoire dans un univers panafricain empreint de solidarité et de réflexion.
Pour enrichir ces débats sur « Les enjeux de la mobilité étudiante internationale et son impact sur le développement des pays », deux artistes slameurs du collectif Goma Slam Session, Gauthier Barhebwa et Onésime Kalipi, ont accompagné l’événement par leur art. Leurs performances ont ajouté une touche poétique et profondément engagée, amplifiant l’essence des réflexions par leurs mots vibrants et leurs vers engagés.
Le 3 octobre 2024, un autre débat aura lieu à l’Institut Français de Goma, cette fois sur le thème de « La perception médiatique des migrants et son influence sur les politiques migratoires et l’opinion publique ».
Parmi les panelistes, le journaliste Gaéthan Kombi, licencié en sciences politiques à l’Université de Goma et inscrit en master en droits humains à l’Université Catholique de Bukavu, apportera son expertise. La conférence à l’Université de Goma s’est conclue par une session d’échanges, où les participants ont vivement réagi aux différentes interventions qu’ils ont jugées « très pertinentes ».
Pour nombre d’analystes sociopolitiques, les migrations des travailleurs qualifiés du Sud vers le Nord constituent l’un des principaux freins au développement. Au-delà des questions sécuritaires et socio-économiques, il est urgent de renforcer les collaborations académiques entre les deux hémisphères afin d’inverser cette tendance et transformer la migration en un levier de progrès pour l’Afrique.